En 1928, la Société des Pétroles Jupiter construit la raffinerie de Petit-Couronne. La mise en service officielle du site a lieu le 1er mars 1929.
La raffinerie recherche alors 200 ouvriers. Les Normands, employés par l'industrie rouennaise, font défaut. Il faut par conséquent recruter jusqu'en Bretagne (région qui a déjà fourni de nombreux personnels aux aciéries de Grand-Couronne), ainsi qu'en Aveyron.

Le curé de Spézet, un petit village du Finistère, a appris qu'on embauchait dans une raffinerie normande en 1930, et il a permis à de nombreux journaliers agricoles sans emplois de rejoindre en train et en bus le site industriel de Petit-Couronne. L'été, tout le monde repartait grâce à l'aide sociale pour passer quelques jours de vacances à Spézet.

Avec la mise à disposition de logements dès 1930, le flux migratoire s'intensifie et Petit-Couronne se met à accueillir de plus en plus de « Horsains » comme disent les gens de la Terre. Et bientôt viennent les premiers mariages « mixtes ».

En dépit d’un démarrage « artisanal », le site couronnais se distingue rapidement comme le plus moderne d'Europe avec des capacités de traitement exceptionnelles (600 000 tonnes de pétrole brut par an en 1933). Et c'est par trains spéciaux, au départ de la gare Saint-Lazare, que des invités de renom viennent visiter la première grande extension en janvier 1933.

Dès octobre 1940, pendant la Seconde Guerre Mondiale, la raffinerie constitue un véritable trésor de guerre pour les forces d'occupation allemandes. Un trésor réquisitionné, démonté et éparpillé à travers l'Europe (pas moins de 5200 tonnes de matériels sont enlevées). De son côté, le personnel de la raffinerie refuse de participer à ces opérations au risque de s'exposer « à des mesures qui sanctionneraient toute insoumission même passive ». Les bacs de stockage sont volontairement incendiés en 1940 pour ne pas servir à l’ennemi. Le 30 août 1944, le site est libéré et dès le 8 septembre, les premières commandes sont de nouveau passées.
En 1948, la raffinerie est reprise par le groupe Shell en 1948. L’activité s'intensifie en augmentant les capacités de stockage, de traitement et la diversité de la production. Industrie phare à l'échelle nationale et internationale, le nom de Petit-Couronne fait le tour du monde.

En avril 2008, la raffinerie est reprise par le groupe suisse Pétroplus. Suite à la faillite de la maison mère du groupe le 24 janvier 2012, la raffinerie de Petit-Couronne a été placée en redressement judiciaire. L’Intersyndicale des salariés s’est lancée dans un combat sans faille pour sauver le site et les 550 emplois concernés, avec un fort soutien de la Municipalité et de la population, qui s’est exprimé à travers une pétition et de nombreux rassemblements. Plusieurs dossiers de reprise du site ont été étudiés par le Tribunal de Commerce de Rouen. Pendant cette période transitoire, la raffinerie a continué de fonctionner dans le cadre d’un contrat de sous-traitance pour le groupe Shell.


Pôle d'innovation 3D

En décembre 2014, Valgo a racheté le site de la raffinerie Petroplus, dans le cadre d'un projet global de réaménagement en partenariat avec les sociétés BOLLORE Energie et EifFFAGE Construction. Ainsi Valgo met en oeuvre un modèle 3D de Déconstruction, Dépollution et Développement de friches industrielles, afin d'apporter une nouvelle dynamique sur le site couronnais.

 

Projet culturel et mémoriel

En savoir plus sur le projet "Patrimoines et imaginaires de la raffinerie"